NOUS EXIGEONS L’INTERRUPTION IMMEDIATE DE LA PROCEDURE DE PRIVATISATION DE L’ANCIEN AEROPORT DE ELLINIKON ET DE LA COTE DU GOLFE SARONIQUE !
UN PARC METROPOLITAIN SUR LES TERRAINS DE ELLINIKON!
Le 27 février 2014 s’est conclu la procédure de soumission de dossiers techniques et financiers au Fonds hellénique de développement des actifs (HRASF) pour l’appel international d’offres de « valorisation » des terrains de l’ancien aéroport Ellinikon et du littoral d’Agios Cosmas.
Comme on sait, il est prévu qu’un espace public de 620,4 hectares, qui constitue dans le bassin athénien la dernière surface libre de constructions, soit cédé pour 99 ans à des investisseurs privés pour y déployer des activités.
Il ressort du communiqué officiel que suite au désistement de toutes les associations d’entreprises ayant montré de l’intérêt, la « Lamda Development » du groupe Latsis est restée seule en lice.
La loi 4062/2012 permet à l’ « investisseur » de faire ériger des constructions de plusieurs étages totalisant 1,7 millions de mètres carrés même au bord de la mer et sur la plage, même dans la mer, même à côté du site archéologique d’Agios Cosmas, dont une partie est sous-marine.
Selon des « fuites » parvenues aux médias, la « Lamda Development » a l’intention de construire sur les terrains en question des centres commerciaux, un casino, des unités hôtelières, des immeubles de luxe et un « parc » polyvalent à usage multiple, qui ne serait pas public et constituerait une « partie intégrante de l’investissement.
Pour que le modèle de « développement » indifférent aux dégâts à la dégradation de l’environnement et au patrimoine culturel obtienne l’approbation sociale, la Lamda Development prétend que son investissement « créera dans l’immédiat des dizaines de milliers de places de travail », tentant de leurrer avec de faux espoirs les centaines de milliers de chômeurs dans notre pays et surtout les jeunes parmi eux. Or ce qu’il faut n’est pas de garantir quelques places de travail temporaires ou plus permanentes, mais des emplois respectueux des travailleurs et leur assurant une rémunération équitable.
Toujours selon des « fuites », la contrepartie financière à la cession de ce terrain public ne dépasserait pas le demi milliard d’euros et serait payée sous forme de versements annuels durant 15 ans. Il s’agit donc d’un vrai bradage, en réalité d’une cession sans contrepartie, puisque au terme de cet accord l’état grec doit supporter les frais d’une série de travaux d’infrastructure nécessaires et de la réinstallation de bâtiments et d’installations publics, ce qui coûterait un multiple du montant offert par l’acquéreur.
Nous signataires de ce texte déclarons notre désaccord avec le projet de vente et d’urbanisation du terrain de l’ancien aéroport et de la côte du Golfe Saronique. D’autant plus que l’avantage financier de cette privatisation serait tout à fait insignifiant et destiné à finir dans le trou noir de la « dette » du pays.
Nous refusons tout accord passé avec des particuliers quel que soit la contre-prestation financière ; nous refusons d’aliéner à qui que ce soit notre libre accès aux rives du Saronique ; nous nous opposons à la disparition du dernier espace libre d’édifices du bassin athénien.
Ellinikon doit rester un espace public d’accès libre et d’utilité commune « mis en valeur » par la création d’un Parc Métropolitain très arborisé répondant à de vrais besoins sociaux de détente, d’activités sportives et culturelles. Cet espace doit contribuer à la régénération de l’environnement et répondre au changement climatique dans le bassin athénien. En janvier dernier, à Genève, nous avons déjà lancé un premier appel à une campagne européenne pour le sauvetage d’Ellinikon, des côtes du Saronique, du Mont Hymette et leur transformation en « pôle culturel » européen.
Les plages, les côtes, les sites archéologiques constituent des biens publics. Ellinikon est un bien public. Ellinikon ne sera pas marchandé, ne sera pas cédé, ne sera pas découpé en lotissements, n’est pas à vendre.
L INTERET PUBLIC N’EST PAS SERVI PAR LE BRADAGE D’ELLINIKON!
Comité de lutte pour un Parc Métropolitain à Ellinikon
«Επιτροπή Αγώνα για το Μητροπολιτικό Πάρκο στο Ελληνικό»
Italie : Cassa Depositi e Prestiti Investimenti entre logement social et privatisation du patrimoine public, avec l’argent des épargnants postaux
Le site internet explique que “CDP Investimenti (Caisse des Dépôts et Consignations Investissements) SGR soutient les politiques de logement social et la mise en valeur du patrimoine public”. Un peu plus loin, l’arbre généalogique de la société décrit les deux instruments à la disposition de la société, laquelle est contrôlée à 70% par la Cassa Depositi e Prestiti, S.p.A. dont 80% des parts sont détenues par le ministère des Finances qui gère (et investit) l’épargne postale des citoyens italiens, globalement quelque 240 milliards d’euros. Les autres actionnaires sont l’Association Bancaire Italienne et ACRI, association réunissant les Fondations bancaires et les Caisses d’Epargne.
Les opérations de valorisation sont gérées par le Fondo d’Investimenti per la Valorizzazione (FIV) (Fonds pour la promotion des investissements), créé en 2012, afin de “stimuler et d’optimiser les processus de cession de patrimoines immobiliers des organismes publics”, lesquels “puissent présenter un potentiel de valeur inexprimé, lié par exemple au changement d’affectation du bien, à la génération de profits, à la vente fractionnée, ainsi qu’un « marché de débouché » comme l’explique le site institutionnel. Au mois de décembre 2013, il a souscrit des contrats pour l’achat d’immeubles appartenant à six collectivités locales – pour un montant de 190 millions d’euros[1] – et d’une quarantaine de biens immeubles appartenant à l’Agenzia del Demanio, société de gestion du patrimoine public, pour 300 millions d’euros. Globalement, 825 millions d’euros ont été investis dans le fonds FIV.
Logement social : incompatible avec la nécessité de fournir des logements abordables
En revanche, plus riche s’avère le Fondo d’Investimenti per l’Abitare (FIA) (Fonds d’investissement pour le logement), qui a été souscrit à hauteur de 2 milliards 28 millions d’euros (dont 1 milliard souscrit par la Cassa Depositi e Prestiti, 140 millions par le Ministère des Infrastructures et des Transports et 888 millions par des groupes bancaires et d’assurances ainsi que des caisses de prévoyance privées).
Cela nous amène à affronter de plain-pied le problème de l’accès au logement. Dans une interview concernant les programmes de logements sociaux privés (social housing) qu’il a accordée à la revue Altreconomia, Sergio Urbani, co-directeur général de CDPI Sgr (société de gestion à l’épargne), a déclaré : “le rendement nécessaire [pour promouvoir une initiative de logement social] n’est pas compatible avec le logement social public”. En bref, ce qu’il a voulu dire, c’est que les ressources dont le Fonds est doté ne sont pas compatibles avec l’exigence de garantir le droit au logement et de répondre à des besoins estimés, en 2018, à 2 millions de logements sociaux dans toute l’Italie.
Matteo Del Fante, président de CDP Investimenti (et Directeur général de la Cassa Depositi e Prestiti) a résumé comme suit la différence entre les anciens logements H.L.M. et le logement social actuel, lors d’une audition informelle le 8 mai 2012 à la commission Environnement de la Chambre des Députés: “Les critères d’investissement du Fondo Investimenti per l’Abitare (FIA) prévoient […] que le rendement escompté soit de l’ordre de 3% en plus de l’inflation”. Et s’il est vrai qu’une délibération de la Cour des Comptes (en décembre 2011) avait déjà critiqué l’efficacité et l’aspect économique des actions mises en place au moyen du Fonds, Matteo Del Fante réplique que cela est dû à la “difficulté d’identifier des projets d’investissement présentant une rentabilité en phase avec les objectifs”.
Le cas Parma Social House : un partenariat public privé servant à garantir les investisseurs et non pas les besoins en logements sociaux
Analysons le cas de Parme: dans cette ville d’Emilie-Romagne, sont ouverts les chantiers de Parma Social House, le “premier projet cofinancé” par le FIA avec un investissement (prévu) de 137,5 millions d’euros destinés à la réalisation dei 852 logements. Toutefois, seuls 30% seront (vraiment) destinés aux locations à loyer modéré. La “social house” ne subsiste donc que dans le nom du promoteur, dont les actionnaires se composent de différentes sociétés de construction et coopératives. Au nombre des investisseurs de ce partenariat public-privé, figurent également la Municipalité de Parme (à travers STT Holding), CDP Investimenti Sgr, Fondazione Cariparma, Coopfond-Legacoop. Le processus de développement immobilier qui a reçu une contribution à fonds perdu de quelque 3 millions d’euros par la Région Emilie-Romagne, est géré par Polaris Investment Italia Sgr S.p.A.
Lorsque la revue Altreconomia a demandé des informations à Polaris à ce sujet, le fonds l’a renvoyée à son site. La société de gestion de l’épargne n’a fourni d’explications que sur le choix du “mélange fonctionnel”, à savoir le pourcentage de logements en vente et en location, expliquant évasivement qu’“il est à la base de la durabilité du projet au niveau du business plan”. Autrement dit, faire du logement social ne leur rapporterait pas assez et, par voie de conséquence, même si le besoin s’en fait sentir, ce n’est pas eux qui s’en chargeront.
FIA: des miettes pour le logement social, le business jette maintenant son dévolu sur les friches industrielles
Au vu de ce qui arrive à Parme, nous pouvons tirer quelques considérations générales: malgré l’énorme parc de logements disponible, y compris les presque 700 mille logements construits dans les dix dernières années et jamais vendus (pour en savoir plus, lire le livre “Salviamo il paesaggio!”, (Sauvons le paysage) publié par Altreconomia, 2013), 79% des interventions concernant le logement social dans toute l’Italie concerneraient de nouvelles constructions. De surcroît, la plupart des édifices ne seront pas destinés à la location “à loyer social”: 65% des logements seront vendus à prix “conventionné” et loués avec un « engagement de vente future”, et seuls 35% des appartements – en moyenne – apporteront une réponse à l’exigence de logements permanents assortis de loyers réglementés.
Les ressources collectées par le Fondo Investimenti per l’Abitare (FIA) se chiffrent, à l’heure actuelle, à 2 milliards 28 millions d’euros, 1 milliard émanant de CDP, 140 millions du ministère et 888 millions de “grands groupes bancaires, d’assurances et organismes de prévoyance”, dont l’identité ne peut toutefois être rendue publique. Le Fonds a pour mission d’épauler les investisseurs privés, en leur garantissant jusqu’à 80% des ressources financières nécessaires pour mettre sur pied les projets de logement social privé. Des “privés” qui sont cependant presque toujours les mêmes: le site de CDPI présente une liste comprenant 14 des 15 fonds immobiliers locaux “mis en place” : six d’entre eux sont gérés par un seul et unique sujet, Polaris Investment Italia sgr, et ont un objectif de collecte globale de plus de 800 millions d’euros. Polaris Italia est contrôlée à 100% par la société de droit luxembourgeois Polaris Investment S.A., dont l’actionnaire de référence est la Fondation Cariplo (son président, Giuseppe Guzzetti, est encore président d’ACRI, l’association des fondations bancaires, partenaires de CDP en CDP Investissements), qui contrôle 48%; 32% sont entre les mains d’investisseurs institutionnels et 20% relèvent d’organismes ecclésiastiques.
Paradoxe: depuis sa naissance, le FIA a contribué, dans tout le Pays, à la réalisation de 560 logements seulement, 1400 sont en cours de réalisation et environ 500 en phase de mise en route : bien peu de chose, par rapport aux ressources disponibles.
L’extension des initiatives de logement social pourrait démarrer en Lombardie, à travers des interventions de transformation des gares ferroviaires abandonnées par les Chemins de fer italiens (Fs), autre société contrôlée par le ministère des Finances. En effet, le 28 mars 2013, CDPI Sgr et Ferrovie dello Stato, propriétaire de ces sites, ont stipulé une “lettre d’intentions” se référant aux terrains à bâtir dans les zones de Lambrate (70 mille mètres carrés au total), Greco-Breda (72 mille) et Rogoredo (21 mille), toutes situées dans l’agglomération milanaise, vu l’intérêt de la première à y construire des logements sociaux. Le fonds de CDP pourrait contribuer à la réalisation de mille appartements – “dont les loyers pourraient même être inférieurs à 500 euros par mois”, réfère Sergio Urbani – où le pur logement social public représente 5%. La valeur des sites que la société Fs s’est engagée à fournir est confidentielle (“parlez-en avec CDP Sgr”, nous a-t-on suggéré chez Fs Sistemi Urbani)[2].